Biographie

Lfartiste peignant une affiche cinématographique dans lfatelier de lfentreprise Parra, vers 1935.

Dans lfatelier dfAlberto Duce à Saragosse, en 1941. De gauche à droite et de haut en bas :  Pilar Aranda, Ildefonso Manuel Gil, Gloria (épouse de T. Seral), Tomás Seral, Alberto Duce, Marcial Buj. (gChash) et Antonio Mingote.

Madrid. Vers 1947.

 Les débuts à Saragosse

1915 : Lorenzo Alberto Duce Baquero naît à Saragosse le 10 août . Dès lfenfance, il éprouve un penchant pour le dessin et la peinture. Son amour pour la nature croît lors de sa participation aux activités de plein air quforganisent les Scouts dfEspagne (Exploradores de España). A la même période, il sfinitie à la lecture des auteurs classiques.

Aux alentours de 1929, il étudie à lfEcole de Commerce, assiste aux cours de lfEcole des Arts et Métiers et commence à réaliser les copies de quelques tableaux du Musée des Beaux-Arts de Saragosse.

1930-1931 : Il poursuit ses études de commerce en tant qufauditeur libre, travaillant en même temps comme dessinateur pour lfentreprise de publicité Roldos Tiroleses.

1931-1933 : il se fait connaître dans le domaine de la publicité et de lfillustration, et assiste de façon assidue aux cours de lfAtelier Goya (El Estudio Goya), atelier de libre création picturale. Il participe à la première exposition publique de ce centre, en présentant dix de ses œuvres. Simultanément, il élargit sa formation en étudiant les langues française, anglaise et allemande. En 1933, il fait  un voyage en Allemagne et en vient à travailler en tant que dessinateur dfesquisses dans les Industries du Cartonnage (Industrias del Cartonaje).

1934-. : : il commence à réaliser   affichettes, illustrations de programmes et  rideaux pour les salles de cinéma de lfentreprise Parra et reprend ses études en tant qufélève inscrit officiellement à lfEcole de Commerce. Il milite au sein de la Fédération universitaire espagnole (Federación Universitaria Española), syndicat dfétudiants, ainsi que dans les Jeunesses socialistes (Juventudes Socialistas).

1936-1939 : Quand éclate la Guerre Civile, une rapide intervention de sa famille lui évite les condamnations dont il faisait lfobjet ; il sfenrôle dans la Légion. Il réalise des affiches ainsi que  des illustrations pour des livres, des journaux et des revues.

 

Les années 40 : Saragosse, Madrid, Paris, New-York

1940-1941 : il passe lfété 1940 à Mallorque ; les œuvres qufil peint là-bas sont présentées lors de sa première exposition individuelle dans la salle du Centre marchand de Saragosse. Six mois plus tard, il expose dans la salle Libros.

La décoration des murs  du complexe hôtelier (aujourdfhui disparu) Ambos Mundos de Saragosse lui est commandée ; il exécute plusieurs peintures murales. De plus, attiré par la céramique, il parvient à composer une  Vue de Saragosse (Vista de Zaragoza) et quelques frises en employant cette technique apprise auprès de Marceliano Soler Aliaga, céramiste de Muel. Dans le même temps, ses dessins continuent à illustrer la presse de Saragosse.

Il commence à séjourner, lfété, dans la Station thermale de Panticosa (Huesca) où il parvient à peindre six œuvres de grand format. Il réalise les portraits de clients de la station et parcourt les sommets qui entourent le cirque glaciaire où est implanté  Panticosa ; il ébauche à  lfaquarelle des paysages qufil reprend, à lfoccasion, sur la toile.

1942-1946 : en 1942, il se rend à Madrid où il est admis en tant qufélève dans lfatelier du peintre Eduardo Chicharro. En même temps, il fait des copies dfœuvres au Musée du Prado, assiste aux cours de dessin du Cercle des Beaux-Arts (Círculo de Bellas Artes) et travaille avec force énergie dans son atelier. Il fait, entre autres, la connaissance des peintres Pedro Bueno, Pedro Mozos, Menchu Gal, Alvaro Delgado, Martínez Novillo, Agustín Redondela, Luis García Ochoa,Luis Castellanos, Irene Goldberger et Rafael Zabaleta, qui avaient également lfhabitude de se rendre aux réunions du Lion dfOr ou du Café Gijón.

Au milieu des années 40, il passe toujours lfété dans la Station thermale de Panticosa où il se consacre à la peinture. En 1943, il se rend à Esparraguerra (Barcelone) pour réaliser des rideaux  de théâtre, en vue de la représentation de La Passion du Christ (La Pasión de Cristo) ; seules quelques esquisses de ces travaux existent encore.

Il maintient toujours un contact étroit avec les cercles artistiques de Saragosse, où il revient souvent et expose régulièrement. Dans les Salons des artistes aragonais (Salones de Artistas Aragoneses), il obtient un accessit dans la section Peinture (premier salon, 1943), la Mention dfhonneur dans la section Peinture (deuxième salon, 1944) et la Médaille dfHonneur dans la section Peinture (quatrième salon, 1946). En parallèle, il fait connaître son œuvre dans des salles dfexposition à Madrid, Valence et Barcelone. Le portrait, la nature morte et les compositions avec figure sont les genres qufil cultive le plus.

La maison dfédition Alejo Climent lui commande des monographies portant sur de jeunes talents de lfavant-garde artistique espagnole : Duce sélectionne Luis Castellanos, Cristino Mallo et Rafael Zabaleta. Les livres sont publiés entre 1946 et 1947 dans une Collection dfArt moderne.

1947 : Alberto Duce sfaffirme artistiquement ; lorsque deux de ses œuvres sont sélectionnées pour participer à lfExposition dfart espagnol contemporain (Exposición de Arte contemporáneo español)  en Argentine, il est alors reconnu comme étant un nouveau talent du panorama artistique.

1948 : il obtient le troisième Prix, section Peinture, lors de lfExposition nationale des Beaux-Arts, avec Composición ; il réalise une importante exposition dans la Salle des Estampes du Musée national dfart moderne de Madrid (Museo Nacional de Arte Moderno). Il remporte le Prix de Rome, obtient une bourse de lfInstitut Français pour étudier à Paris ainsi que la pension « Conde de Cartagena » de lfAcadémie des Beaux-Arts de Madrid, pour poursuivre des études à New-York.

1948-1949 : à Paris, il assiste aux cours de dessin et de lithographie de La Grande Chaumière et de lfEcole des Beaux-Arts ; dès lors, la gravure en vient à faire partie de son bagage artistique. Il est fasciné par la vie cosmopolite de la grande capitale de la culture européenne, parcourt musées et  salles dfexposition, visite les ateliers dfautres artistes.

1949- : sa Sainte Face (Santa Faz) obtient la Médaille dfargent, lors de la quatrième Exposition nationale dfimages de la Passion à Madrid.

A la fin du printemps, il rentre à Madrid. Et comme il fallait attendre que se libère la place du  Prix de  Rome, il part à New-York, où il assiste aux cours de dessin de lfArtfStudents League, visite expositions et musées,  voyage vers le Nord et fait une halte à Chicago. Il crée un atelier à River Side Drive où il réalise principalement des portraits. La discrimination raciale, la musique, le mode de vie américain ainsi que  le niveau économique de la classe moyenne si éloigné de celui de lfEspagnol de lfaprès-guerre lui font une vive impression. Après quelques mois passés à New-York, il décide de sfinstaller à Washington.

 

Washington

1950-1961 : il prend contact avec lfAmbassade dfEspagne et occupe un poste de conseiller technique auprès de lfAttaché culturel ; à cette fonction, il essaie de faire connaître et de diffuser la culture espagnole aux Etats-Unis. Il réalise une peinture murale sur lfune des voûtes du bâtiment de lfAmbassade. Tout au long de ces années, il peint surtout des portraits ; quelques-uns sont exposés au New Mexico Art Alliance, à Santa Fe (1950), à lfArts Club à Washington (1951), à I. F. A Galleries à Washington (1956), etc.

Il voyage et parcourt plusieurs états ; il y admire la généreuse beauté des espaces naturels dont il réalise parfois des esquisses en couleurs. Il fait plusieurs séjours au Nouveau Mexique où il réalise une série de sculptures à thématique religieuse et aux caractéristiques populaires.

Les nouvelles et les images de lfintervention des troupes nord-américaines en Corée ( 1950-1953) diffusées dans la presse le poussent  à réaliser des dessins qui expriment lfangoisse et la détresse de la population coréenne. Plus tard, il réagira de la même manière, lors de la guerre du Vietnam.

 

Saragosse-Madrid-Saragosse

1962- : il retourne en Espagne en début dfannée et, après un court séjour à Madrid, il sfinstalle à Saragosse. Il observe que, pendant son absence, les nouvelles générations ont transformé le panorama artistique espagnol ; il se consacre dfabord essentiellement à la réalisation de portraits.

1963-1964 : à nouveau il sfinstalle à Madrid et dessine au Cercle des Beaux-Arts. Ses expositions se succèdent à Saragosse et à Madrid. Il participe à lfExposition nationale des Beaux-Arts (1964) où il obtient une médaille (la Medalla III) dans la section Dessin.

1965- : il réalise ses premiers essais picturaux en employant différentes techniques mixtes ; en parallèle, il continue à peindre à lfhuile de préférence. Son intérêt pour la gravure sur plaque de métal augmente ; il avait commencé à pratiquer cette technique aux Etats-Unis.

Il retourne à Paris grâce à une bourse de la Fondation March (Fundación March) afin dfétudier les techniques de gravure et dfestampage, dans lfatelier dfHaytter. Lfune de ses eaux-fortes obtient le premier Prix, lors de la dix-huitième Exposition dfArt de la Nativité « Galerías Preciados » à Madrid.

1966-1967 : il a pleinement adapté une technique mixte à ses compositions de chevalet ; il y exprime en toute harmonie son penchant pour le dessin et la matière picturale, dans des œuvres où il représente la figure humaine. Il réussit à définir un style très personnel.

Il participe à des concours où il reçoit plusieurs prix : le Prix du Dessin, lors du seizième Salon des Peintres africains (XVI Salón Pintores de África) et le Prix « Corporaciones » (Mairie de Saragosse) à lfExposition Nationale des Beaux-Arts où il présente Concierto – une toile réalisée selon une technique mixte qui représente plusieurs figures féminines, vêtues de tuniques classiques, face à la cité de Tolède -. En janvier 1967, il expose à Saragosse, dans la salle de la Caisse dfEpargne La Inmaculada.

1968- : il réalise une importante exposition rétrospective dans la salle de La Direction Générale des Beaux-Arts à Madrid. Lors de sa participation aux concours nationaux, il continue de recevoir des prix : le Prix du Dessin, lors du dix-huitième Salon des Peintres africains, une médaille (la Medalla II) lors du dix-septième Salon de la Gravure (Hommage à Goya), le deuxième prix lors de la vingt-et-unième Exposition dfArt de la Nativité « Galerías Preciados » et le prix « Julio Prieto Nespereira » lors du dix-huitième Salon de la gravure. Sa maîtrise  de lfeau-forte et du vernis mou –techniques qufil utilise le plus – est reconnue.

La toile Víctimas inocentes (près dfun mètre et demi sur 2 mètres) réalisée en technique mixte montre les horreurs dont fut victime la population vietnamienne face à lfattaque des troupes nord-américaines ;  cette toile lui permet dfobtenir le Prix « Corporaciones » (Conseil Général de Badajoz), lors de lfExposition nationale des Beaux-Arts.

1969-1970 : il donne des cours de gravure au Cercle des Beaux-Arts,  où il crée un atelier dfestampage.

1970-1973 : son activité artistique intense se poursuit tant à Madrid qufà Saragosse, où se succèdent les commandes officielles et privées. Il achète une ferme  dans un petit village de Tarragone en Catalogne,  où il fera de longs séjours au contact de la nature et installera son atelier de gravure et dfestampage, à la fin de cette décennie. Le paysage plaisant de ces terres, aux doux versants recouverts de noisetiers, est représenté dans ses compositions.

Il réalise plusieurs expositions dans diverses cités et obtient le premier Prix, Section Peinture, lors du vingtième Salon des Peintres africains (Madrid, 1970), la Palette dfArgent lors de la Biennale Internationale de Peinture (Marbella, 1971) et une médaille (la Medalla I), Section de Peinture, lors du quarante-troisième Salon dfAutomne (Madrid, 1973).

1974- : Alors que ses tableaux font lfobjet dfexpositions à Grenade, Madrid et Saragosse, lfartiste crée les dix gravures à lfeau-forte, aquatinte et vernis mou, qui illustrent les Poèmes de Sapho (Editions GISA). Il sfagit dfune édition soignée destinée aux bibliophiles, dont la thématique est caractéristique de lfœuvre dfAlberto Duce.

1975-1976 : il participe à lfexposition collective « 35 ans de peinture aragonaise » (« 35 años de pintura aragonesa ») dans la salle Libros et il expose à Pontevedra et Vigo

1977- : il obtient une médaille (la Medalla I), Section Dessin, lors du quarante-cinquième Salon dfautomne à Madrid.

1978-1980 : sur commande du Ministre de la Défense, Rodríguez Sahagún, il peint, dessine et grave plusieurs portraits institutionnels du Roi, du Prince des Asturies, du Président du Gouvernement Adolfo Suárez, du Vice-Président Gutiérrez Mellado et dfautres leaders politiques de lfUCD (parti aujourdfhui disparu).

1980-1982 : il expose à Saragosse, Madrid et Tarragone, et prépare les illustrations de la Solitude I (la Soledad I) de Góngora, sur commande de lféditeur madrilène Casariego.

1983 : les treize illustrations de la Solitude I sont publiées dans la collection Art et Bibliophilie. Les planches avaient été gravées à lfeau-forte, à lfaquatinte avec des touches de pointe sèche. Une autre édition soignée pour les amateurs de beaux livres.

Il sfinstalle à nouveau à Saragosse, partageant sa vie et son travail entre cette cité et son atelier de la ferme catalane.

1984-1987 : il expose à Saragosse, Huesca, Burgos, Madrid, etc. Il obtient le premier Prix, lors du Concours national dfaffiches « Année internationale de la Paix » (« Año internacional de la Paz »), Comité espagnol des Cités unies (1986).

1988- : parmi tant dfautres,  lfexposition de ses dessins, gravures et peintures dans les salles du Palais de Sástago du Conseil Général de Saragosse, mérite dfêtre signalée.

1989-1995 : il sféloigne des cercles madrilènes, mais continue à travailler tant à Saragosse que dans la ferme catalane. Il expose à Madrid, Saragosse et Huesca.

Il reçoit le Prix Penagos, Section Dessin en 1991.

1996-1997 : Toujours aussi intéressé par les œuvres de Velázquez, Vermeer, Rembrandt et Goya – principaux peintres constituant son « musée imaginaire » -, il éprouve le besoin de les réinterpréter de façon ludique, en ayant recours à la géométrisation des figures et aux à-plats. Il emploie à nouveau lfaérographe et les poncifs ainsi que les techniques utilisées dans sa jeunesse,  pour réaliser une série de peintures composées dfaprès les œuvres des peintres susmentionnés.

1998- : il transfère à Saragosse son atelier de gravure et dfestampage ; il  continue de se consacrer à la gravure et à la peinture, avec lfénergie  dfun jeune homme.

2002- : lfété, Ibercaja organise une exposition rétrospective de ses œuvres,  au Musée Camón Aznar de Saragosse. Lfartiste à la santé fragile assiste au vernissage avec émotion. Il est nommé Académicien dfHonneur (Académico de Honor) de lfAcadémie des Beaux-Arts de San Luis (Academia de Nobles y Bellas Artes de San Luis) de Saragosse.

2003 : il décède à Saragosse le 28 août.

 

Cuadro de texto: Lfartiste réalisant une gravure, 1982.

Place du Pilar, Saragosse, 1962.

De gauche à droite : Gregorio Prieto, Alberto Duce et José Gerardo Manrique de Lara. Santander, juillet 1973.

A la Fondation Vasarely, Aix-en-Provence, 1987.

Catalogue et coupure de presse portant sur le vernissage de lfexposition gYoung Women of the Embassiesh, Washington,   21-12-1956.

Atelier de Lothian, EE. UU., 1961.

Devant lfesquisse de gLa rue des ressentimentsh, lfun des décors de La Passion, Esparraguera, (Barcelona), 1943.

Álvaro Delgado

Pancho Cossío

Milicua

Sra.de A.Delgado

A. Duce

Vers 1992, devant un autoportrait datant de 1944.

Dans son atelier, 1975.